Shiatsu dans la cadre des effets secondaires des thérapies contre le cancer
À l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer le 4 février, nous sommes heureux de vous présenter l'article suivant, aimablement offert par Eric Debrabandere, spécialisé dans le traitement des patients cancéreux.
Généralités sur l’apport du Shiatsu pour les effets secondaires de la chimio, radio et hormono-thérapie
En Résumé, Le Shiatsu a un rôle très important dans la neutralisation de la plupart des effets secondaires des chimiothérapies et de la radiothérapie, dans la tolérance de l’acte chirurgical quand il a lieu. L’action que nous obtenons sur l’immunité et sur le bilan hépatique nous permet de penser que nous optimisons l’efficacité du traitement occidental et donc les chances de guérison. Mots-clés: Effets secondaires - chimiothérapies – radiothérapie.
Place du Shiatsu dans le cancer du sein traité en médecine occidentale:
Dans les documentations internationales sur les recherches et les études, vingt-cinq ans de pratique de Shiatsu ou de l’acupuncture chez les patients cancéreux nous permettent d’affirmer qu’elle est en mesure de limiter voire de bloquer la survenue d’effets secondaires liés aux traitements par chimio-thérapie, radiothérapie et chirurgie.
Le cancer du sein est chez la femme, de loin, le plus fréquent. Selon l’Institut National du Cancer français, une femme sur sept est touchée. Il est responsable de onze mille décès par an en France, soit quarante pour cent des décès féminins prématurés avant soixante cinq ans.
Un cancer sur quatre est un cancer du sein de la femme, un nombre en constante augmentation.
Le traitement occidental:
chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, hormonothérapie
Le traitement occidental fait appel à :
- la chirurgie : ablation totale du sein ou chirurgie conservatrice (ablation de la tumeur), curage ganglionnaire.
- la radiothérapie, peut être utilisée en préopératoire ou en postopératoire
- transcutanée, parfois utilisée comme traitement unique
- curiethérapie, éléments radioactifs placés dans la tumeur (plus rarement).
- la chimiothérapie: grâce aux traitements ciblés, celle-ci prolonge la rémission voire assure la guérison. Elle a deux indications principales :
- en préopératoire, pour limiter le processus tumoral avant l’acte chirurgical;
- en postopératoire, en complément de la chirurgie et de la radiothérapie.
L’efficacité des molécules employées a beaucoup progressé.
L’Herceptin est le premier traitement du cancer capable de tuer les cellules malignes en épargnant les cellules saines (Autorisation de Mise sur le Marché, AMM : août 2000). Certains médicaments asphyxient la tumeur : ainsi l’Avastin (bevacizumab, AMM en 2007), en première ligne métastatique) bloque le développement des vaisseaux sanguins indispensables à la croissance des tumeurs ; mais plus le stade de la tumeur est avancé, plus le nombre de facteurs de croissance impliqués dans son développement est important.
Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est entrepris tôt. La recherche explore d’autres voies pour bloquer la vascularisation des tumeurs à différents stades.
d. L’hormonothérapie : deux tiers des cancers du sein présentent à la surface des cellules cancéreuses, des récepteurs hormonaux.
Chez la femme, les oestrogènes stimulent la prolifération cancéreuse par l’intermédiaire de ces récepteurs. Les traitements hormonaux agissent soit en diminuant le taux d’oestrogènes dans le sang, et donc la stimulation des récepteurs hormonaux (castration, anti-aromatases), soit en bloquant les récepteurs hormonaux (anti-oestrogènes).
Les différents types de traitement hormonaux sont :
- l’ovariectomie chirurgicale ou radique,
- médicale : en utilisant les agonistes de la LH-RH (Enantone®, Zoladex; les anti-oestrogènes : tamoxifène ou fluvestrant ; les anti-aromatases : Fémara®, Arimidex®).
Depuis 2004 de nouvelles molécules sont proposées aux femmes ménopausées: les inhibiteurs de l’aromatase.
Les deux molécules les plus évaluées sont l’anastrozole et le letrozole, dont le profil de toxicité est différent du tamoxifène, et qui permet de réduire les rechutes après chirurgie du cancer du sein.2. Le rôle du praticien de shiatsu face à la patiente développant un cancer du sein en cours de traitement:
Il nous faut connaître les traitements oncologiques et leurs effets néfastes pour les compenser. La stratégie thérapeutique est également déterminée par les facteurs pronostiques :
- les caractères histologiques définis à la biopsie ou à l’exérèse de la tumeur; le fait que les ganglions sont ou non atteints (leur nombre est capital);
- la présence ou non de métastases, ainsi que leurs types (toutes n’ont pas la même gravité);
- les résultats du bilan biologique: marqueurs tumoraux, éléments du sang, de la moelle osseuse
- les caractéristiques de la malade: âge, état général, antécédents (précédent cancer?), psychisme, entourage, etc.
a. Connaître le protocole décidé par le cancérologue:
- Radiothérapie: quand?
- Intervention chirurgicale: oui/non, quand?
Certains oncologues optent pour trois cures de FEC puis trois cures de Taxol® ou de Taxotere®.
Ces cures sont le plus souvent espacées de trois semaines pour le FEC ou pour le Tamoxifene, une semaine pour le Taxol®, sous réserve que le taux de leucocytes, de polynucléaires neutrophiles et de plaquettes restent à un niveau suffisant ( taux des leucocytes et polynucléaires neutrophiles supérieurs à 1500/mm3, taux des plaquettes supérieur à 150000/m3).
Un mois après ces six cures, une intervention chirurgicale est pratiquée (ou non) : tumorectomie ou ablation totale du sein selon les résultats de la chimiothérapie, de la mammographie et d’un examen clinique approfondi.
Une radiothérapie de cinq à sept semaines est pratiquée après l’intervention, dès que l’état de la patiente le permet.3. Protocoles de shiatsu ou d’acupuncture dans le cancer du sein de la femme:
Notre recul dans la prise en charge des effets secondaires des cancers du sein est maintenant de près de 10 ans.
Chaque patiente vit ses traitements dans l’urgence et dans l’exigence thérapeutique. La consultation initiale est capitale. Pour la patiente, il y a péril vital et besoin d’informations sur le rôle thérapeutique de shiatsu ou acupuncture dans ce contexte.
Pour le praticien, elle permet de tout connaître sur le déroulement de la prise en charge en médecine occidentale et d’organiser le protocole.
Elle est prévenue que le traitement par shiatsu ou acupuncture sera intercalé avec celui de médecine classique et d’une durée approximative dix à douze mois.
C’est à une longue épreuve qu’elle doit se préparer.
Effets secondaires accessibles à la pratique du Shiatsu ou de l’acupuncture:
Les effets secondaires dont souffrent les patientes bénéficiant de ces protocoles sont:
- diarrhées,
- nausées,
- vomissements,
- intense fatigue,
- maux de tête,
- aphtes,
- troubles du goût et de l’appétit,
- sécheresse de la bouche,
- gastrite,
- colite,
- alopécie,
- troubles de la thymie et du sommeil, avec ou sans cauchemar,
- angoisses,
- douleurs et raideurs articulaires,
- thrombopénie, leucopénie,
- troubles du bilan hépatique,
- syndrome mains-pieds pour le Taxol® ou pour le Taxotere®.
Protocole Shiatsu et chimiothérapie:
De manière classique dans notre pratique:
La planification des séances d’acupuncture par rapport aux cures de chimiothérapie et de radiothérapie permet d’en optimiser le résultat. Nous avons mesuré l’importance déterminante de cette synchronisation.
Notion essentielle :
En ce qui concerne les chimiothérapies, l’efficacité optimale est obtenue lorsque nous pouvons pratiquer une séance de shiatsu vingt-quatre ou quarante-huit heure avant la cure de chimiothérapie; une séance tout de suite après la fin de la perfusion de la chimiothérapie ou au plus tard le lendemain de celle-ci, pour gérer les effets secondaires immédiats ;
Une autre séance quatre à cinq jours plus tard pour neutraliser les effets secondaires retards et soutenir l’immunité.
Une autre manière de travailler, et qui concerne plus les périodes d’inconfort, d’urgence ou de difficulté de développer un planning soutenu, est de travailler uniquement sur des points des méridiens.
Contrairement à ce qui a été décrit dans la première approche, avec le traitement sur tout le long du méridien classique ou masunaga, nous proposons de travailler uniquement sur certains points. Cela permettant de travailler dans des conditions difficiles ( chambre d’hôpital, salle de traitement, etc. ) Je rappelle que Shiatsu veut dire pression des doigts et que ceux-ci sont le pendant des aiguilles des acupuncteurs.
L’efficacité de ces points est vérifiée par la patiente sur les différents éléments de sa qualité de vie, et sur les examens biologiques demandés par nous ou les oncologues, afin d’évaluer le niveau de l’immunité et celui de la fonction hépatique. Lors de chaque consultation, l’adaptation du choix des points à chaque patiente, devant l’apparition ou l’évolution de tel symptôme ou effet secondaire est indispensable.
Eric Debrabandere, praticien en shiatsu et membre du conseil d'administration FBS